Emmanuel Macron a demandé un rapport la Caisse des dépôts et Consignations (CDC).
Parmi les mesures les plus significatives, citons :
1. une restructuration – et non une annulation – des deux tiers de la dette des hôpitaux publics (l’Etat n’en a repris qu’un tiers à sa charge), accompagnée de la création d’un « fonds de dette » commun au secteur privé, prêtant à long terme « en hybride soit aux hôpitaux, soit préférablement aux mutuelles et aux fondations qui les détiennent avec une obligation de fléchage des ressources ». En clair, un fonds de financement commun public/privé, qui privilégie le secteur privé et pilote la destination des financements. Il est prévu que ce « fonds de dette » prête à des taux supérieurs de 0,5 point au taux du livret A (soit 1 % au taux actuel du livret) quand la BCE prête aux banques à -0,75 %, que l’Etat français emprunte à 0 % à 10 ans, et à 0,84 % à 30 ans. Donc, du bonus pour les financeurs privés des établissements de santé !
2. Le recours massif aux partenariats publics privés (PPP) en dépit de la succession des expériences négatives et des rapports accablants venant d’institutions nationales (Cour des comptes, rapport d’enquête sénatoriale) et européenne (Cour des comptes européenne). Cette dernière, qui n’est certainement pas à la pointe du combat antilibéral, constate néanmoins « le manque considérable d’efficience, qui s’est traduit par des retards de construction et par une forte augmentation des coûts », une opacité comptable qui compromet « la transparence et l’optimisation des ressources », une inadaptation de ces contrats de long terme à suivre « l’évolution rapide des technologies ».
3. le basculement vers « la santé numérique », une solution miracle permettant de faire coup double : décharger l’activité hospitalière, et valoriser les investissements des nombreuses « start up » (au nombre de 700, marché qualifié de peu mature, de modèle fragile, etc.) et des compagnies d’assurance et des mutuelles qui se sont lancées dans le financement de la télé-consultation. Elles viennent d’ailleurs de créer un consortium « Alliance digitale pour le Covid-19 » dans lequel on retrouve les principales d’entre
elles : Allianz, AG2R la mondiale, Malkoff, associées à la Banque Postale Assurances… Il s’agit en fait de faire face à la saturation du 15, non pas en lui allouant les financements publics nécessaires, mais en proposant des solutions privées pour en réduire l’accès.
4. Dans le sillage de Donald Trump, une proposition de conversion de navires en navires-hôpitaux, dont les aspects techniques, médicaux et humains sont jugés hasardeux par nombre de professionnels, mais que l’on comprend mieux quand on sait que la CDC a des engagements financiers importants dans des commandes de paquebots aux chantiers navals que les compagnies de croisières, mise à l’arrêt par la pandémie, risquent de ne pouvoir honorer.
5. Enfin, le meilleur pour la fin, faire sponsoriser par les grands organismes de recherche (Institut Pasteur, Institut Curie, Unicancer, etc.) « un fonds de partage » auquel souscriraient investisseurs privés et institutionnels, avec reversement de revenus aux « sponsors » pour leur opération promotion. Avec la rapacité et le cynisme bien connus de la finance, quand elle flaire de bonnes affaires, il est dit sans ambage que « les conditions de lancement […] seraient assez favorables compte tenu de l’impact sur les valorisations corporate de la crise actuelle » et que « ce type d’opérations pourrait […] être lancé très rapidement dans des conditions compétitives et avec le soutien de la place ». En langage clair, la pandémie du Covid-19 va favoriser l’attraction boursière des placements financiers vers les secteurs de la santé. La finance n’hésite jamais à battre monnaie sur le malheur humain.
Ces propositions sont inacceptables ! La santé n’est pas une marchandise !