Leader européen de la cybersécurité, le groupe Atos est à vendre. Une situation qui alarme politiques et syndicats, qui craignent de voir une compétence fondamentale pour la souveraineté française filer à l’étranger.
Ce nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez sans doute eu recours au moins une fois aux services du groupe Atos. Création et gestion du site France Connect, système informatique de la carte vitale et de plusieurs ministères et institutions publiques. Le groupe, qui compte 110 000 salariés en Europe dont 10 000 en France, est aujourd’hui menacé de démantèlement, avec un projet de cession de la moitié du groupe au fonds d’investissement Epei, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. « Il n’y aura pas de nationalisation », rapporte Didier Moulin, représentant syndical CGT du groupe. Reçus par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, les représentants syndicaux en ont eu la confirmation. « Le ministre nous a assuré qu’il surveillait avec une grande attention le dossier et qu’il serait attentif à toute entreprise prête à reprendre le projet industriel, ce qui laisse entrevoir une possible reprise française », résume Didier Moulin, qui attendait des garanties sur l’emploi et sur l’intervention de l’État pour soutenir les finances du groupe. En vain. Pour la CGT, les causes de cette situation résultent de l’incapacité du management à faire les bons choix.
Indépendance nationale en danger
Dans la région, 1 000 emplois seraient en sursis. À Sophia-Antipolis, Aix-en-Provence et Montpellier, Atos emploie près de 800 salariés, dont une majorité concernée par la négociation exclusive avec la holding tchèque Epei. « À Six-Fours, il n’y a pas d’inquiétude car l’activité est une petite niche, assurée par 150 ingénieurs, précise Didier Moulin. Une niche protégée sur des activités sensibles et qui n’est pas concernée par une cession, souveraineté oblige. » L’inquiétude reste toutefois de mise pour les autres branches du groupe.
Dans une lettre ouverte au ministre de l’Économie, le secrétaire national du PCF et député du Nord, Fabien Roussel, alerte sur une atteinte à la souveraineté de la France en matière de cyber sécurité mais aussi de défense. Car Atos, ce n’est pas seulement des services aux citoyens, c’est aussi – et surtout – un prestataire majeur de l’armée et du nucléaire français. « On n’aura plus la main sur notre défense, déplore Jean-Charles Schimdt, du comité Défense du PCF. Moins nous fabriquons, plus nous sommes sous la tutelle des grandes puissances comme les États-Unis. »
La fédération varoise du parti communiste a publié un communiqué dans lequel outre les problèmes de souveraineté et d’indépendance elle soulève la question des pouvoirs des salariés dans cette entreprise comme dans bien d’autres quand s’opèrent des choix stratégiques d’une telle importance.