Le prochain Conseil national du Pcf des 12 et 13 Octobre consacrera une grande partie de ses travaux à notre Action et Implantation en direction des entreprises et fera le point de nos campagnes politiques, notamment les élections municipales.
Interventions des membres du CN du Pcf du 12 septembre 2019
Denis Durand – Paris : Mettre en œuvre le projet de “Manifeste Communiste du 21ème Siècle”
La montée des périls écologiques, financiers, économiques, sociaux, politiques, internationaux, bien décrits dans le rapport d’Igor, hante les esprits et fait partie des facteurs qui rendent si particulier le contexte dans lequel se préparent les élections municipales.
-Péril écologique : je signale le dossier d’Economie et politique qui sort aujourd’hui sur la nécessaire révolution écologique, révolution dans la production, dans la consommation, dans la culture…
-Péril financier : la crise qui vient s’annonce encore bien plus grave que celle de 2007-2008. Les liquidités déversées par les banques centrales sur les marchés financiers depuis dix ans aggravent aujourd’hui le danger, au point que le conseil des gouverneurs de la BCE va avoir du mal, cet après-midi, à convaincre qu’elle a les moyens de se sortir de cette situation.
-Péril économique : par exemple, pour la première fois, une suraccumulation de capital se développe au sein même des pays émergents. De même, la guerre économique menée par les États-Unis contre la Chine est un phénomène tout à fait nouveau.
-Péril politique et international… S’imaginer qu’on peut faire face à ces dangers en mettant une fois de plus sous le boisseau les idées communistes en croyant que c’est ainsi qu’on favorisera le rassemblement à gauche serait très dangereux.
Les communistes ont une énorme responsabilité pour anticiper le désarroi que va provoquer le traumatisme de la crise. Dans les milieux populaires monte l’idée de « changer de système ». Beaucoup voient mieux par exemple que sur une planète régie par le dollar et Wall Street on ne peut pas mettre à disposition de tous ces biens communs de l’humanité que sont le climat et la biodiversité.
Mais en quoi consiste « changer le système » ? Les idées actuellement dominantes à gauche, plus ou moins inspirées d’une vulgate keynésienne, ne sont pas à la hauteur de la crise systémique.
Ces recettes, qui ont marché au XXe siècle, ne marchent plus aujourd’hui comme le montre la crise de la social-démocratie dans le monde entier. On ne peut plus corriger les inégalités par la fiscalité ou par la cogestion dans les conseils d’administration parce que derrière les inégalités il y a les contradictions insurmontables engendrées par l’exploitation, par la domination du capital avec le pouvoir sur l’utilisation de l’argent qui en est le ressort fondamental.
C’est précisément parce qu’il cherche à masquer cette actualité du combat contre le pouvoir du capital que le tapage médiatique orchestré autour de Piketty arrange bien les affaires de Macron. Confronter ces idées aux nôtres est donc indispensable pour créer les conditions d’un rassemblement à la hauteur de la gravité de la situation.
Dans les années 30, la force de Keynes avait été de voir l’obstacle dressé par les exigences insensées de la rentabilité et la nécessité de limiter le rendement du capital.
Aujourd’hui, les ressorts du capitalisme sont encore plus profondément mis en cause. Il est donc indispensable d’aller plus loin, d’agir pour imposer de nouveaux critères contre la rentabilité capitaliste : développement des capacités humaines (emploi de qualité, formation, services publics, retraites), économies en capital (accords non capitalistiques, partages des coûts, R&D, nouvel investissement matériel), en s’emparant des leviers financiers et en pénalisant l’accumulation et les profits.
Le terrain de ce combat n’est pas seulement celui des politiques économiques : c’est aussi l’entreprise, le lieu de l’affrontement de classes sur les choix de production et de financement. Son enjeu est l’utilisation de l’argent des entreprises, des banques, et de l’argent public. C’est aussi ce qui rend si stratégique l’exigence d’une nouvelle industrialisation, incluant le développement de nouveaux services.
Et parce qu’ils concernent les êtres humains, la façon dont ils travaillent, dont ils se forment, dont ils développent leurs capacités créatives et leur capacité à les partager en coopérant, tous ces enjeux se rejoignent sur une question clé : l’emploi, sa qualification et sa sécurisation avec la formation tout au long de la vie. Dans cette perspective, nous formulons des propositions aussi précises que possible, non pas pour atténuer les dégâts du capitalisme mais pour imposer une tout autre logique : création d’un fonds d’investissement pour le climat, maîtrise publique et sociale de filières décisives de l’économie, au-delà des nationalisations traditionnelles, développement des services publics, initiative internationale mettant autour d’une même table non seulement les gouvernements, mais aussi les multinationales, et les institutions financières internationales pour un financement des investissements nécessaires par une monnaie commune mondiale…
La tâche est rude assurément. Mais nous pouvons commencer par une maxime simple : appliquer les décisions que nous avons prises ensemble, à une majorité de 87 %, il y a moins d’un an au 38ème congrès